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| Stéphane Mallarmé. | |
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Nombre de messages : 1246 Date d'inscription : 03/05/2007
| Sujet: Stéphane Mallarmé. Ven 24 Aoû - 17:10 | |
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les titres Le sonneur. SOUPIR. LES FENETRES. LES FLEURS. RENOUVEAU. Le savetier. La marchande d'herbes aromatiques. Sonnet. Sonnet.Mary Feuillet d'album. Éventail de madame Mallarmé. Autre éventail de mademoiselle Mallarmé. Sainte. Don du poème.
Stéphane Mallarmé. Salut. Rien, cette écume, vierge vers À ne désigner que la coupe; Telle loin se noie une troupe De sirènes mainte à l'envers.
Nous naviguons, ô mes divers Amis, moi déjà sur la poupe Vous l'avant fastueux qui coupe Le flot de foudres et d'hivers;
Une ivresse belle m'engage Sans craindre même son tangage De porter debout ce salut
Solitude, récif, étoile À n'importe ce qui valut Le blanc souci de notre toile.
Stéphane Mallarmé.
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Nombre de messages : 1246 Date d'inscription : 03/05/2007
| Sujet: Re: Stéphane Mallarmé. Ven 24 Aoû - 17:11 | |
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Angoisse. Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps, ô bête En qui vont les péchés d'un peuple, ni creuser Dans tes cheveux impurs une triste tempête Sous l'incurable ennui que verse mon baiser:
Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes Planant sous les rideaux inconnus du remords, Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges, Toi qui sur le néant en sais plus que les morts:
Car le Vice, rongeant ma native noblesse, M'a comme toi marqué de sa stérilité, Mais tandis que ton sein de pierre est habité
Par un coeur que la dent d'aucun crime ne blesse, Je fuis, pâle, défait, hanté par mon linceul, Ayant peur de mourir lorsque je couche seul.
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Nombre de messages : 1246 Date d'inscription : 03/05/2007
| Sujet: Re: Stéphane Mallarmé. Ven 24 Aoû - 17:12 | |
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Las de l'amer repos...
Las de l'amer repos où ma paresse offense Une gloire pour qui jadis j'ai fui l'enfance Adorable des bois de roses sous l'azur Naturel, et plus las sept fois du pacte dur De creuser par veillée une fosse nouvelle Dans le terrain avare et froid de ma cervelle, Fossoyeur sans pitié pour la stérilité, - Que dire à cette Aurore, ô Rêves, visité Par les roses, quand, peur de ses roses livides, Le vaste cimetière unira les trous vides? - Je veux délaisser l'Art vorace d'un pays Cruel, et, souriant aux reproches vieillis Que me font mes amis, le passé, le génie, Et ma lampe qui sait pourtant mon agonie, Imiter le Chinois au coeur limpide et fin De qui l'extase pure est de peindre la fin Sur ses tasses de neige à la lune ravie D'une bizarre fleur qui parfume sa vie Transparente, la fleur qu'il a sentie, enfant, Au filigrane bleu de l'âme se greffant. Et, la mort telle avec le seul rêve du sage, Serein, je vais choisir un jeune paysage Que je peindrais encor sur les tasses, distrait. Une ligne d'azur mince et pâle serait Un lac, parmi le ciel de porcelaine nue, Un clair croissant perdu par une blanche nue Trempe sa corne calme en la glace des eaux, Non loin de trois grand cils d'émeraude, roseaux.
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| Sujet: Re: Stéphane Mallarmé. Ven 24 Aoû - 17:13 | |
| Le sonneur. Cependant que la cloche éveille sa voix claire À l'air pur et limpide et profond du matin Et passe sur l'enfant qui jette pour lui plaire Un angélus parmi la lavande et le thym,
Le sonneur effleuré par l'oiseau qu'il éclaire, Chevauchant tristement en geignant du latin Sur la pierre qui tend la corde séculaire, N'entend descendre à lui qu'un tintement lointain.
Je suis cet homme. Hélas! de la nuit désireuse, J'ai beau tirer le câble à sonner l'Idéal, De froids péchés s'ébat un plumage féal,
Et la voix ne me vient que par bribes et creuse! Mais, un jour, fatigué d'avoir en vain tiré, O Satan, j'ôterai la pierre et me pendrai.
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| | | Admin Admin
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| Sujet: Re: Stéphane Mallarmé. Ven 24 Aoû - 17:16 | |
| LES FENETRES.
Las du triste hôpital, et de l'encens fétide Qui monte en la blancheur banale des rideaux Vers le grand crucifix ennuyé du mur vide, Le moribond sournois y redresse un vieux dos,
Se traîne et va, moins pour chauffer sa pourriture Que pour voir du soleil sur les pierres, coller Les poils blancs et les os de la maigre figure Aux fenêtres qu'un beau rayon clair veut hâler.
Et la bouche, fiévreuse et d'azur bleu vorace, Telle, jeune, elle alla respirer son trésor, Une peau virginale et de jadis! encrasse D'un long baiser amer les tièdes carreaux d'or.
Ivre, il vit, oubliant l'horreur des saintes huiles, Les tisanes, l'horloge et le lit infligé, La toux; et quand le soir saigne parmi les tuiles, Son oeil, à l'horizon de lumière gorgé,
Voit des galères d'or, belles comme des cygnes, Sur un fleuve de pourpre et de parfums dormir En berçant l'éclair fauve et riche de leurs lignes Dans un grand nonchaloir chargé de souvenirs!
Ainsi, pris du dégoût de l'homme à l'âme dure Vautré dans le bonheur, où ses seuls appétits Mangent, et qui s'entête à chercher cette ordure Pour l'offrir à la femme allaitant ses petits,
Je fuis et je m'accroche à toutes les croisées D'ou l'on tourne l'épaule à la vie et, béni, Dans leur verre, lavé d'éternelles rosées, Que dore le matin chaste de l'Infini
Je me mire et me vois ange! et je meurs, et j'aime - Que la vitre soit l'art, soit la mysticité - À renaître, portant mon rêve en diadème, Au ciel antérieur où fleurit la Beauté!
Mais hélas! Ici-bas est maître: sa hantise Vient m'écoeurer parfois jusqu'en cet abri sûr, Et le vomissement impur de la Bêtise Me force à me boucher le nez devant l'azur.
Est-il moyen, ô Moi qui connais l'amertume, D'enfoncer le cristal par le monstre insulté Et de m'enfuir, avec mes deux ailes sans plume - Au risque de tomber pendant l'éternité? | |
| | | Admin Admin
Nombre de messages : 1246 Date d'inscription : 03/05/2007
| Sujet: Re: Stéphane Mallarmé. Ven 24 Aoû - 17:16 | |
| LES FLEURS.
Des avalanches d'or du vieil azur, au jour Premier et de la neige éternelle des astres Jadis tu détachas les grand calices pour La terre jeune encore et vierge de désastres,
Le glaïeul fauve, avec les cygnes au col fin, Et ce divin laurier des âmes exilées Vermeil comme le pur orteil du séraphin Que rougit la pudeur des aurores foulées,
L'hyacinthe, le myrte à l'adorable éclair Et, pareille à la chair de la femme, la rose Cruelle, Hérodiade en fleur du jardin clair, Celle qu'un sang farouche et radieux arrose!
Et tu fis la blancheur sanglotante des lys Qui roulant sur des mers de soupirs qu'elle effleure À travers l'encens bleu des horizons pâlis Monte rêveusement vers la lune qui pleure!
Hosannah sur le cistre et dans les encensoirs, Notre Dame, hosannah du jardin de nos limbes! Et finisse l'écho par les célestes soirs, Extase des regards, scintillements des nimbes!
O Mère qui créas en ton sein juste et fort, Calice balançant la future fiole, De grandes fleurs avec la balsamique Mort Pour le poëte las que la vie étiole. | |
| | | Admin Admin
Nombre de messages : 1246 Date d'inscription : 03/05/2007
| Sujet: Re: Stéphane Mallarmé. Ven 24 Aoû - 17:17 | |
| RENOUVEAU.
Le printemps maladif a chassé tristement L'hiver, saison de l'art serein, l'hiver lucide, Et, dans mon être à qui le sang morne préside L'impuissance s'étire en un long bâillement.
Des crépuscules blancs tiédissent sous mon crâne Qu'un cercle de fer serre ainsi qu'un vieux tombeau Et triste, j'erre après un rêve vague et beau, Par les champs où la sève immense se pavane
Puis je tombe énervé de parfums d'arbres, las, Et creusant de ma face une fosse à mon rêve, Mordant la terre chaude où poussent les lilas,
J'attends, en m'abîmant que mon ennui s'élève... - Cependant l'Azur rit sur la haie et l'éveil De tant d'oiseaux en fleur gazouillant au soleil. | |
| | | Sylvie
Nombre de messages : 8134 Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Stéphane Mallarmé. Jeu 6 Sep - 18:20 | |
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Le savetier.
Hors de la poix rien à faire Le lys naît blanc, comme odeur Simplement je le préfère À ce bon raccommodeur.
Il va de cuir à ma paire Adjoindre plus que je n'eus Jamais, cela désespère Un besoin de talons nus.
Son marteau qui ne dévie Fixe de clous gouailleurs Sur la semelle l'envie Toujours conduisant ailleurs.
Il recréerait des souliers, O pieds! si vous le vouliez!
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| | | Sylvie
Nombre de messages : 8134 Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Stéphane Mallarmé. Jeu 6 Sep - 18:21 | |
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La marchande d'herbes aromatiques.
Ta paille azur de lavandes, Ne crois pas avec ce cil Osé que tu me la vendes Comme a l'hypocrite s'il
En tapisse la muraille De lieux les absolus lieux Pour le ventre qui se raille Renaître aux sentiments bleus.
Mieux entre une envahissante Chevelure ici mets-la Que le brin salubre y sente Zéphirine, Paméla
Ou conduise vers l'époux Les prémices de tes poux.
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| | | Sylvie
Nombre de messages : 8134 Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Stéphane Mallarmé. Jeu 6 Sep - 18:23 | |
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Sonnet.
O si chère de loin et proche et blanche, si Délicieusement toi, Mary, que je songe À quelque baume rare émané par mensonge Sur aucun bouquetier de cristal obscurci
Le sais-tu, oui! pour moi voici des ans, voici Toujours que ton sourire éblouissant prolonge La même rose avec son bel été qui plonge Dans autrefois et puis dans le futur aussi.
Mon coeur qui dans les nuits parfois cherche à s'entendre Ou de quel dernier mot t'appeler le plus tendre S'exalte en celui rien que chuchoté de soeur
N'étant, très grand trésor et tête si petite, Que tu m'enseignes bien toute une autre douceur Tout bas par le baiser seul dans tes cheveux dite.
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| | | Sylvie
Nombre de messages : 8134 Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Stéphane Mallarmé. Jeu 6 Sep - 18:24 | |
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Sonnet.Mary
sans trop d'ardeur à la fois enflammant La rose qui cruelle ou déchirée et lasse Même du blanc habit de pourpre le délace Pour ouïr dans sa chair pleurer le diamant
Oui sans ces crises de rosée et gentiment Ni brise quoique, avec, le ciel orageux passe Jalouse d'apporter je ne sais quel espace Au simple jour le jour très vrai du sentiment
Ne te semble-t-il pas, Mary, que chaque année Dont sur ton front renaît la grâce spontanée Suffise selon quelque apparence et pour moi
Comme un éventail frais dans la chambre s'étonne À raviver du peu qu'il faut ici d'émoi Toute notre native amitié monotone.
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| | | Sylvie
Nombre de messages : 8134 Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Stéphane Mallarmé. Jeu 6 Sep - 18:26 | |
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Feuillet d'album.
Tout à coup et comme par jeu Mademoiselle qui voulûtes Ouïr se révéler un peu Le bois de mes diverses flûtes
Il me semble que cet essai Tenté devant un paysage A du bon quand je le cessai Pour vous regarder au visage
Oui ce vain souffle que j'exclus Jusqu'à la dernière limite Selon mes quelques doigts perclus Manque de moyens s'il imite
Votre très naturel et clair Rire d'enfant qui charme l'air.
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| | | Sylvie
Nombre de messages : 8134 Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Stéphane Mallarmé. Jeu 6 Sep - 18:27 | |
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Éventail de madame Mallarmé.
Avec comme pour langage Rien qu'un battement aux cieux Le futur vers se dégage Du logis très précieux
Aile tout bas la courrière Cet éventail si c'est lui Le même par qui derrière Toi quelque miroir a lui
Limpide (où va redescendre Pourchassée en chaque grain Un peu d'invisible cendre Seule à me rendre chagrin)
Toujours tel il apparaisse Entre tes mains sans paresse.
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| | | Sylvie
Nombre de messages : 8134 Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Stéphane Mallarmé. Jeu 6 Sep - 18:28 | |
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Autre éventail de mademoiselle Mallarmé.
O rêveuse, pour que je plonge Au pur délice sans chemin, Sache, par un subtil mensonge, Garder mon aile dans ta main.
Une fraîcheur de crépuscule Te vient à chaque battement Dont le coup prisonnier recule L'horizon délicatement.
Vertige! voici que frissonne L'espace comme un grand baiser Qui, fou de naître pour personne, Ne peut jaillir ni s'apaiser.
Sens-tu le paradis farouche Ainsi qu'un rire enseveli Se couler du coin de ta bouche Au fond de l'unanime pli!
Le sceptre des rivages roses Stagnants sur les soirs d'or, ce l'est, Ce blanc vol fermé que tu poses Contre le feu d'un bracelet.
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| | | Sylvie
Nombre de messages : 8134 Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Stéphane Mallarmé. Jeu 6 Sep - 18:29 | |
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Sainte.
À la fenêtre recelant Le santal vieux qui se dédore De sa viole étincelant Jadis avec flûte ou mandore,
Est la Sainte pâle, étalant Le livre vieux qui se déplie Du Magnificat ruisselant Jadis selon vêpre et complie:
À ce vitrage d'ostensoir Que frôle une harpe par l'Ange Formée avec son vol du soir Pour la délicate phalange
Du doigt que, sans le vieux santal Ni le vieux livre, elle balance Sur le plumage instrumental, Musicienne du silence.
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| | | Sylvie
Nombre de messages : 8134 Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Stéphane Mallarmé. Jeu 6 Sep - 18:31 | |
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Don du poème.
Je t'apporte l'enfant d'une nuit d'Idumée! Noire, à l'aile saignante et pâle, déplumée, Par le verre brûlé d'aromates et d'or, Par les carreaux glacés, hélas! mornes encor, L'aurore se jeta sur la lampe angélique. Palmes! et quand elle a montré cette relique À ce père essayant un sourire ennemi, La solitude bleue et stérile a frémi. Ô la berceuse, avec ta fille et l'innocence De vos pieds froids, accueille une horrible naissance: Et ta voix rappelant viole et clavecin, Avec le doigt fané presseras-tu le sein Par qui coule en blancheur sibylline la femme Pour des lèvres que l'air du vierge azur affame?
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| | | | Stéphane Mallarmé. | |
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