L’enfant de marie de Jacob Wilhelm Grimm

Admin Nombre de messages : 15107 Age : 71 Date d'inscription : 03/05/2007

Histoire très longue: lecture en épisodes

L’enfant de marie

Jacob Wilhelm Grimm

Admin Nombre de messages : 15107 Age : 71 Date d'inscription : 03/05/2007

A la lisière d’une grande forêt vivaient un bûcheron et sa femme,
qui n’avaient pour unique enfant qu’une fillette de trois ans.
ils étaient si pauvres qu’ils n’avaient même pas le pain de chaque jour et ne savaient comment la nourrir.

Mais voilà qu’un matin, tout soucieux, le bûcheron était allé à son travail dans la forêt, et comme il coupait le bois,
il y eut devant lui une belle grande dame qui avait sur la tête une couronne d’étoiles scintillantes, et qui lui dit :

« Je suis la Vierge Marie, la Mère du Petit Jésus ;
tu es pauvre et dans le besoin :
laisse-moi emmener ton enfant avec moi, je serai sa mère et je m’occuperai d’elle. »

Le bûcheron l’écouta, s’en fut chercher l’enfant qu’il confia à la Vierge Marie, et la Vierge l’emporta avec elle dans le ciel.
Rien ne pouvait convenir mieux à la petite qui ne mangeait que des pains de brioche, ne buvait que lait doux et crémeux, n’avait plus à porter que des vêtements d’or,
et qui avait les anges comme compagnons de jeu.

Elle atteignit ainsi l’âge de quatorze ans, et un jour, la Vierge Marie l’appela près d’elle et lui dit :

« Ma chère enfant, je m’en vais pour un long voyage et je te donne en garde les clefs des treize portes du royaume des cieux : il y en a douze que tu peux ouvrir,
et tu pourras contempler les splendeurs qui y sont ; mais la treizième, à laquelle correspond cette petite clef-ci, t’est défendue :
garde-toi bien de l’ouvrir, sinon tu ferais ton malheur.

Nombre de messages : 1225 Age : 64 Date d'inscription : 09/05/2007

Admin Nombre de messages : 15107 Age : 71 Date d'inscription : 03/05/2007

La fillette promit d’être bien obéissante, et dès que fut partie la Vierge Marie elle commença sa visite des demeures du royaume céleste :
chaque jour elle ouvrait une porte et fit ainsi le tour des douze résidences ; et dans chacune demeurait un apÔtre,
et il était tout rayonnant d’un merveilleux éclat, et elle était tout inondée de joie devant tant de splendeur
et de Magnificence ;
et les petits anges aussi, qui l’accompagnaient Partout, se réjouissaient avec elle.
Or, il ne lui restait plus à présent que la porte interdite, et voilà qu’une grande envie la Prit de savoir ce qu’il pouvait y avoir là derrière.

Elle dit aux Petits anges :
« Je ne l’ouvrirai pas toute grande et je ne vais pas entrer : je vais juste l’entrebâiller pour que nous puissions jeter un coup d’œil par la fente.
Oh ! non, firent les angelots : ce serait un péché ; la Vierge Marie l’a défendu et tu pourrais facilement en être malheu-reuse. »

Alors elle se tut et ne dit plus rien ; mais la curiosité qu’elle avait dans son cœur ne se tut point, bien au contraire : elle ne cessa de la piquer et de la tourmenter sans lui laisser un moment de repos.
Et comme il se trouva, une fois, que les anges s’étaient tous en allés, elle pensa aussitôt :

« Puisque je suis tout à fait seule, je peux bien maintenant jeter un petit coup d’oeil à l’intérieur, personne n’en saura rien si je le fais. »

Et vite, elle choisit la petite clef parmi les autres ; et elle l’avait à peine dans sa main qu’elle la mettait dans la serrure ;
et elle venait à peine de la mettre dans la serrure que déjà elle la faisait tourner.

Admin Nombre de messages : 15107 Age : 71 Date d'inscription : 03/05/2007

La porte s’ouvrit toute grande, et elle contempla la Trinité qui était là, dans le feu et dans la lumière.
Elle demeura un instant interdite devant ce spectacle, regardant tout avec étonnement, immobile et émerveillée,
puis elle avança un tout petit peu son doigt pour toucher la splendeur,
et son doigt en fut tout doré.
Prise aussitôt d’une terrible peur, elle referma brutalement la porte et se sauva bien vite.
Mais sa peur ne s’en alla pas, quoi qu’elle pût faire ou essayer, et son coeur battait fort et refusait de se calmer.

Et l’or qu’elle avait au doigt ne s’en alla pas non plus, frotte et lave tant que tu voudras ! Très peu de temps après,
la Vierge Marie rentra de son voyage. Elle appela la fillette et lui réclama les clefs du royaume des cieux.

En lui reprenant le trousseau, la Vierge lui demanda, en la regardant droit dans les yeux :
« N’aurais-tu pas ouvert aussi la treizième porte ? - Non ! » répondit la fillette.
Alors la Vierge avança la main vers son coeur et sentit comme il battait et battait, et si fort et si fort,
et elle s’aperçut bien que son ordre n’avait pas été respecté et que la porte avait ’été ouverte.

Vraiment, ne l’as-tu pas fait ? demanda-t-elle encore une fois.
Non, répéta la fillette pour la seconde fois.
Alors la Vierge Marie regarda le doigt qui s’était doré en touchant la splendeur du feu du ciel, et elle vit bien que le péché avait été commis ; pour la troisième fois elle lui demanda :
« Ne l’as-tu pas fait ? » Et pour la troisième fois la fillette lui répondit : « Non. » «
Alors la Vierge Marie parla. « Tu ne m’as pas obéi, et par là-dessus tu as menti ; tu n’es plus digne de rester au ciel. »
Aussitôt la fillette tomba dans un profond sommeil,
et quand elle s’éveilla, elle était sur la terre, couchée au milieu d’une contrée sauvage.

Nombre de messages : 14501 Age : 67 Date d'inscription : 03/05/2007

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