|
| les fables de Jeannot Lapin | |
| | Auteur | Message |
---|
Sylvie
Nombre de messages : 8134 Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: les fables de Jeannot Lapin Lun 26 Nov - 14:09 | |
| les fables de Jeannot Lapin
La cigale et la fourmi
La cigale, ayant chanté tout l’été, se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue. Elle savait bien ce que signifiait ce dernier baiser : plus de boulot.
Elle avait travaillé tout l’été dans ce camping pourri, à chanter des chansons graveleuses indignes de son répertoire au son de l’accordéon, et en plus :
Un, elle en avait perdu la voix. Deux, il avait fait un temps de chiotte tout l’été. Trois, ses vacances étaient tombées à l’eau, ce n’est rien de le dire. Quatre, sa toile de tente prenait l’eau, justement. Cinq, l’eau de la piscine était dégueulasse. Six, la bouffe était encore plus dégueux. Sept, elle avait dû se taper le patron pour être engagée. Huit, le patron la harcelait à longueur de journée. Neuf, ces blaireaux de touristes n’avaient jamais donné le moindre kopeck de pourboire, et n’arrêtaient pas de se foutre de sa gueule. Et dix, elle n’avait même pas perçu d’indemnité de fin de contrat.
Et pour clore le tout, ce con de patron pervers, qui, en l’embrassant, lui avait glissé : "Si tu veux revenir l’été prochain, faudra revoir la mise en scène, parce que franchement, c’est pas ça qui me ramènera la clientèle..."
Bref, vous l’aurez compris, le travail d’artiste lyrique, c’est pas toujours très drôle, surtout lorsqu’on n’est pas reconnu à sa juste valeur.
De retour à la ville, elle pointa à l’ANPE et se retrouva intermittente du spectacle. Au moins, elle ne s’était pas fait chier deux mois pour rien, elle avait récolté assez d’heures pour toucher les Assedic et refaire sa voix, tranquille.
Comble du comble, son statut disparut trois mois plus tard. Joyeux Noël et bonne année. Là, elle n’était pas dans la merde, la diva... Elle n’avait plus un radis, plus de boulot, plus d’eau chaude, plus de chauffage, et bientôt, plus d’appart.
Partout où elle le pouvait, elle postulait, que ce soit pour garder des gosses, faire des ménages ou au mieux, mais c’était plus rare, donner des leçons de chant. Un jour qu’elle avait plus de chance, elle tomba sur cette petite annonce : "communauté de fourmis recherche cigale à belle voix, bon salaire." Et elle se pointa à l’entretien d’embauche, de tous ses bijoux et attributs décoratifs appareillée.
Une grande assemblée l’attendait, présidée par la reine des fourmis en personne. Il y en avait de toutes les tailles et toutes les sortes, avec ou sans ailes, noires ou rouges, petites ou grandes. Toutes semblaient très affairées, et remuaient dans tous les sens. Alors comme ça, vous chantez... Et on peut entendre ? demanda la reine. Pour vous servir, Majesté, si de ce micro vous permettez d’user.
La fourmi n’est pas prêteuse, c’est là son moindre défaut. L’air de dire "nan mais pour qui elle se prend cette starlette", elle refusa de la tête, avec un petit air supérieur. Soudain l’un des gardes s’avança, et hurla comme un cochon qu’on égorge : Argh, surtout pas, non ! Je la reconnais, c’est la Castafiore qui nous a fracassé les oreilles tout l’été au camping !
Un grand silence envahit la salle, pesant, oppressant. Plus personne n’osait bouger.
Vraiment ? Que faisiez-vous au temps chaud ? demanda la reine. Nuit et jour à tout venant, je chantais, ne vous déplaise, répondit-elle avec aplomb. Vous chantiez ? J’en suis fort aise ! Eh bien ! Dansez, maintenant !
Et toutes les fourmis se précipitèrent sur elle pour la bouffer. Et la diva mourut dans d’atroces souffrances. | |
| | | Sylvie
Nombre de messages : 8134 Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: les fables de Jeannot Lapin Mer 28 Nov - 0:32 | |
| Le lièvre et la tortue
Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Le lièvre et la tortue en sont un témoignage.
Un jour que Dame Tortue était tranquillement occupée à tailler ses roses dans son jardin, une joyeuse bande de jeunes lièvres éméchés déambulait dans la rue.
Le plus malin d’entre eux, à la vue de l’ancêtre : Eh là, Grand-mère ! Êtes-vous bien sage, de travailler vos fleurs en plein cagnard ? Tout de même, à votre âge ! Qu’est-ce que tu dis ? Parle plus fort, mon petit !
La pauvre vieille était sourde comme un pot, et les jeunes canailles gloussaient d’un rire bête. Face à tant de bonne humeur, et sans doute pour combler sa solitude, Dame Tortue convia les petits jeunes à boire l’apéro.
La bande de lièvres était admirative devant sa descente, car c’est qu’elle était relevée, sa gnôle des prairies, et elle n’en était pas peu fière. Excepté le plus malin, tous les lièvres étaient déjà sous la table. Qu’est-ce que tu crois, mon petit ! C’est que j’ai été jeune, moi aussi ! Ouais, z’est zûr, que t’as de l’ezpérience, dis-y voir, pazque, avec l’âge, bé z’est forzé, za marche pu, t’es trop z’habituée. Quoi ? Non mais tu me traites, là, tu me traites ! Moi ? Une poivrote ? Non mais oh ! Tu vas voir, si je suis une poivrote ! Le dernier qui arrive à l’arbre est un gros pédé !
Et évidemment, le lièvre, au premier pas, tomba ivre mort. La tortue, au pied de son arbre, rigolait comme une baleine.
Plus tard, quand la joyeuse bande fut dégrisée, les copains du jeune lièvre lui racontèrent ce qu’il avait vite oublié, à savoir que c’était un gros pédé, ah ah ah.
Vexé comme tout, le lièvre prépara un stratagème pour effacer cet affront.
Salut, Grand-Mère. Dis, puisque t’as encore toutes tes jambes, rendez-vous demain matin pour une course rien que nous deux. On traversera le grand pré, et le dernier arrivé sera un gros pédé.
Ah, bah c’est gagné d’avance, mon petit ! Bah oui, puisque comme je suis une fille, je ne peux pas arriver le dernier ! Et puis, une grosse gougnouffe, à la rigueur, mais pas un gros pédé !! Enfin, réfléchis un peu, dans ta grosse tête vide !
Quoi, hein ? Bon, ça va bien, hein !! Tu m’as très bien compris ! Alors prépare-toi à perdre !
Et tout le monde alla se coucher dans l’impatience du lendemain matin.
Le lièvre avait convoqué tous ses copains, qui eux-mêmes avaient convoqué tous leurs copains, qui eux-mêmes avaient aussi convoqué tous leurs copains, etc. Bref, tout le pays était venu assister au spectacle.
Attention ! À vos marques ? Prêts ? PARTEZ !
Le temps que Dame Tortue, avec sa vieille canne, comprenne que maintenant, il était temps d’y aller, le lièvre, lui, en était déjà à mi-parcours.
Pourtant, et ce malgré l’enjeu de la course, le frimeur freina net devant une créature lapine. Tiens, je ne vous connaissais pas, Mademoiselle, vous êtes du pays ?
Et allez hop, gnouffy gnouffy boum boum derrière les broussailles, car le lièvre, comme ses congénères, appréciait les plaisirs de la chair.
Et la scène se répéta maintes fois : Bonjour mademoiselle... gnouffy gnouffy boum boum, et devant tout le monde en plus, sans doute pour montrer à ses amis que c’était pas un gros pédé.
Pendant ce temps, Dame Tortue se hâtait avec lenteur.
Soudain, le lièvre, qcomprenant que sa rivale progressait, détalla comme un lapin à travers le pré.
PAN !
A pu lapin.
Et finalement, dans la soirée, Dame Tortue arriva la première.
Le lièvre était donc bien un gros pédé.
| |
| | | FRANCK
Nombre de messages : 14501 Age : 67 Date d'inscription : 03/05/2007
| Sujet: Re: les fables de Jeannot Lapin Mer 28 Nov - 1:12 | |
| | |
| | | MAIRiE
Nombre de messages : 1201 Age : 53 Date d'inscription : 25/08/2007
| Sujet: Re: les fables de Jeannot Lapin Ven 30 Nov - 13:48 | |
| | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: les fables de Jeannot Lapin | |
| |
| | | | les fables de Jeannot Lapin | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |